lundi 6 janvier 2014

Dans ma poche

Des clefs, un pass navigo, un paquet de mouchoir avec un seul mouchoir dedans, une bille,

trouvée devant l'église à l'enterrement de ma grand-mère ; je l'ai glissée dans ma poche en pensant forcément que d'une façon ou d'une autre, c'était son cadeau.
Je l'avais vue la veille toute belle, embaumée et entourée de fleurs au funérarium, tellement appaisée que je m'attendais à ce qu'elle se mette à respirer.
Pendant la cérémonie, je n'ai pas su faire le signe de croix, j'ai embrassé le cercueil à la place, je sais qu'elle ne m'en aurait pas voulu.
Ce n'était pas la dernière chose triste de 2013.


de la ventoline, un post-it qui me dit ce que j'ai à faire cette semaine, un coquillage,

ramassé sur la plage de Trouville le 1er janvier ; mes amis fous et joyeux en pleine tempête de sable.
C'était la première chose merveilleuse de 2014.

un demi cachet de lexomil dont je n'ai plus besoin, un vieux ticket de caisse du franprix, un téléphone portable qui vibre.

Tigre vient de m'envoyer "je t'aime" en toutes lettres, comme ça, comme si c'était évident.

Un jour lui expliquer ce creux dans le ventre qui est immense comme deux univers.

***


Après le raz-de-marée au Cube, provoqué par mon petit battement d'ailes, il faut tout reconstruire. J'ai l'impression que tout le monde est content et le fait en sifflotant.
Je sifflote aussi pour ne plus me faire remarquer.


Et j'ai commencé un nouveau livre.
Dans ce qui est pour l'instant la première phrase il y a un alligator.

Lui aussi, il est bien à l'abri au fond de ma poche.