mercredi 20 février 2013

La fracture

Le mot "fracture" est peut-être l'un de mes mot préférés.
On entend le sens dans le son. On entend la chose qui craque, le corps qui plie, l'arbre qui tombe. La fracture.

La mienne a la forme d'un Y comme un os à vœux.

C'est la première de toute ma vie.
Il aura fallu attendre 31 ans pour que mon squelette me trahisse. (je suis née l'année du suicide de Jean Eustache)

Aux urgences personne n'était pressé, même pas moi, et j'ai rencontré un tailleur de pierre, mordu par son chat. Il était jeune et doux. Je lui ai posé des questions sur son travail. Je l'ai fait parler pour qu'il oublie qu'il avait mal. Et pour oublier que j'étais toute seule.

Contrairement au mot "fracture", le mot "solitude" ne joue pas franc jeu.
On entend la plage et la langueur, dans "solitude".
On entend quelqu'un sourire.
Mais dans "solitude", imbécile, il n'y a personne.




dimanche 17 février 2013

Les âmes le dimanche

- Je sors de la messe. J'ai prié pour nous, les animaux sauvages.
- Tu deviens folle?
- Le manque de toi me rend mystique.


Je me suis blessée chez Maryv et elle a pris soin de moi, et Panda m'a fait des tartines et je me suis réveillée dans cette ville que je ne connais pas du tout alors je suis sortie j'ai marché à peine une minute sous un faux printemps et je suis entrée dans l'église, avec la main qui me faisait mal dans ma poche, c'était l'heure de la messe.

C'était magnifique et intimidant, moi qui ne connais rien des religions je suis touchée par tout ce qu'il y a d'humain dans dieu.
La foule était là, bien rangée, se levait se rasseyait, des centaines de corps croyants ondulants comme une vague apaisante.
On pouvait voir les âmes.

Le prêtre en violet avec sa canne tordue et sa toque dorée, ça m'a fait sourire. La cérémonie, les costumes, ça ressemblait à un anniversaire étrange.
Mais ensuite quand tout s'est terminé au son d'un orgue fou, le prêtre est descendu de son trône pour toucher les gens.
Il souriait gentiment à tout le monde, il n'était pas effrayé par l'armée des chrétiens qui le noyait, il parlait à chacun, un par un, et posait ses grandes mains apaisantes sur leurs corps en demande.

J'ai aimé follement ce prêtre, je me suis demandé quel était le secret de son sourire si pur, imperturbable, contagieux. Je me suis dit "je ne crois en rien mais lui est baigné de quelque chose de plus que nous, c'est évident."
La certitude ? La sagesse ? La foi ? L'amour ?
Je l'ai suivi des yeux longtemps, jusqu'à ce que l'église se vide et qu'il enlève son chapeau doré, jusqu'à ce qu'il redevienne juste un homme.
Je ne suis pas allée lui parler.

J'ai erré sous les vitraux merveilleux un moment, j'ai pensé à Tigre qui aurait su m'expliquer toutes les gravures, j'ai prié pour nous, les animaux sauvages, et puis dans le métro je lui ai envoyé ce texto.




vendredi 15 février 2013

Cyclo

Au réveil, ce message miraculeux de Sophie "Ton livre est une merveille. Chaque détail est un monde. Bravo !!"

Je suis ivre de joie, et ce message efface toutes mes maladresses d'hier soir, il efface les lettres des huissiers, il efface mon mal de tête et mon vendredi matin compliqué, il efface ma tristesse du manque de Tigre. Il remet tout à sa place. Il me rend ma force et me rappelle ce que je suis.

Sophie est celle qui, la première, m'a donné envie d'être écrivain. Je me souviens par coeur de son premier roman que j'ai lu mille et mille fois, et comme je m'étais dit "voilà ce que je veux faire, voilà qui je veux être".
Dans son message, ce que j'entends c'est "ça y est, tu es écrivain, continue comme ça maintenant".

Je danse dans ma tête.
Ce n'est pas moi, c'est la vie qui est cyclothymique.




mardi 12 février 2013

Ni l'un ni l'autre

J'ai regardé deux fois le nouvel épisode de Girls. Hier soir et ce matin. J'ai pleuré les deux fois.
Il m'a bouleversée.
Il m'a donné envie d'écrire une longue lettre à Tigre pour lui expliquer comme je l'aime et comme je ne veux plus aimer quelqu'un d'autre que lui, et comme je ne veux plus qu'il aime quelqu'un d'autre que moi.
Je voulais lui écrire de longues phrases remplies de belles choses et surtout j'avais envie de me blottir contre lui et qu'il me réchauffe avec sa langue.
Au lieu de tout ça, je lui envoie ce mail :

Miss you.

<3




Ma voisine qui était malade ce matin m'a demandé si je pouvais emmener son petit garçon chez la nounou.
Sur le chemin Maxime et moi avons beaucoup discuté. De tramway, de chiens, de voitures. Selon vers quoi pointait son index minuscule.
Ses grands yeux dans les miens.
On a aussi chanté un petit peu.

Et puis je suis allée travailler au Cube à pieds avec Santigold très fort dans les oreilles. Une chanson ni triste ni joyeuse, parce que je ne savais pas du tout comment je me sentais.
Je crois qu'aujourd'hui ça va être une journée ni l'un ni l'autre.





lundi 11 février 2013

Idiote



Sauter à pieds joints dans le sable humide et entendre la mer s'énerver sous un ciel de souris.
Se réveiller au milieu d'amis plus que précieux et préparer le petit déjeuner.
Rire sans cesse. Même le dimanche.



Et le texto à Tigre.

- J'ai tout perdu au casino de Cabourg, je ne suis rien sans toi.
- Idiote je t'aime.





jeudi 7 février 2013

L'envol

Le livre fait un peu parler de lui.
Stéphane est tellement heureux.
Je suis heureuse pour lui.
Pour moi aussi et pour Lodka et Brune et Olivier et Ari et Navel et Jérémie et Line et Ferdinand Griffon.
Je suis heureuse surtout car il a plu aux gens que j'aime. Ceux dont l'avis compte vraiment.

J'avais l'impression depuis le 24 d'être en apnée, je peux enfin souffler un peu.
Je peux me détendre et me dire "je ne m'étais pas complètement trompée, finalement".

Maintenant, le meilleur reste à venir.